« J’ai des infos sur le meurtre de ta mère, rejoins moi ce soir à 22H dans la rue qui fait le coin du konbini. » J’avais reçu ce mot sous ma porte de chambre à l’internat, cela était très risqué sachant qu’une de mes colocataires auraient pu la trouver et la lire. Je ne veux pas que tout le monde soit au courant de mon histoire, s’est d’ailleurs pour cela que je la cache et je me fais la plupart du temps, passer pour une fille sensible, faible et agressive, je ressemble un peu à ces riches qui se la pètent. Je n’ai pas été ravie en voyant ce mot, j’aurais pu l’être mais non. J’attends des explications sur ce qui s’est passé depuis longtemps, mais étrangement je sens le coup foireux. Je me dis aussi que si je découvrais l’assassin qu’est-ce que je ferais ensuite et comment vais-je réagir ? Devrais-je le tuer de mes mains comme j’ai tué le dernier. Je me suis promis de ne plus faire couler le sang et pourtant l’assassin pourrait passer un sale quart d’heure, je ne dois pas trahir mes promesses pour une simple vérité, de plus ma mère ne serait pas fière.

22 heures me voilà sur le quai vive, je me prépare à y aller avec cette boule au ventre qui n’en finit pas. Dans un quart d’heure je vais peut-être avoir les réponses que j’attends depuis longtemps. Une fois sur les lieux, 21H55 pour être exacte, je commence à patienter, je ne suis pas patiente, je n’aime pas attendre, mais là c’est pour la bonne cause, j’espère juste qu’il viendra.

22H, toujours personnes, 22H15, non plus. Les minutes s’enchainent ensuite comme ça et je n’aperçois toujours aucune silhouette. Je commence alors à m’énerver et me dire que les espoirs que je me suis fixée vont s’envoler, je suis déçue et en colère. Ça fait bien longtemps que je ne me suis pas mise dans cet état, je n’ai plus été en colère depuis quelques semaines, la dernière fois je crois que s’est lorsqu’une bande de fille m’a traiter de salope et qui a en même temps dit que ma mère était une chienne, à ce moment-là je me suis mise en colère et ça s’est vu sur leur visage. Pourtant, on pourrait croire que je me mets toujours en colère et que je me bats tout le temps, mon visage est marqué de coup, certains plus ancien que d’autre, quelques plaies n’ont pas cicatrisé, mais voilà je ne m’énerve pas, ne me bat pas et reste passive ou presque. Je reste là à rien faire, me faire tabasser pensant très fort dans ma tête *je pourrais les écraser mais je ne le ferais pas* je n’ai pas été entraîné toutes ces années pour rien … Ces années de douleurs où j’ai donné de mon temps, de ma sueur et de mon sang. Mais voilà aujourd’hui pour plusieurs raisons tout cela est terminé pour moi, j’ai assez donné.

Il est désormais 23H15 et je me dis alors que tout est terminé, mon espoir s’est envolé et je ne connaîtrais jamais les secrets sur la mort de ma mère. Je tourne la tête un peu partout une nouvelle fois essayant de voir si la personne que j’attends se daigne à arriver, avant de prendre la décision finale : PARTIR Mais voilà, une lueur d’espoir refait surface, j’aperçois une silhouette sortir de la brume venant d’une rue plus profonde, une sortie de restaurant peut être, leur machine produise énormément de vapeur et lui sort de celle-ci. Très bizarre, on se croirait dans un film de gangster, comme-ci cette personne allait désormais sortir son arme et me mettre une balle dans la tête. Peu importe, ce garçon a soigné son entrée et à su se faire attendre, j’essaie alors de décrypter son visage au loin, en vain il fait trop sombre.
Je me rapproche alors espérant un signe, un geste de sa part montrant que je l’attends. Je pourrais lui dire *tu es mon rendez-vous ?* comme-ci je m’étais inscrite sur un site de rencontre pour personne célibataire, ou être plus cash et dire *Tu ne sais pas lire l’heure ou quoi ? Bon balance l’info* cela me ressemble déjà plus.

Je n’ai cependant pas le temps de sortir ma super phrase, le visage de cette personne se dessine enfin et je peux alors le reconnaître. Ce gars qui me sort par les yeux, son arrogance m’est insupportable (comme beaucoup d’autres garçons d’ailleurs). Il n’a pas la langue dans sa poche et ne se laisse pas facilement faire, je suis pareille : il n’est en aucun cas question que je me laisse faire par qui que ce soit. Frapper ?? OK. Mais me faire parler comme un chien :: NON !!

Je suis désespérée de le voir ici, la dernière petite onde d’espoir à disparu, je pense que cela se voit. Je soupire, baisse les yeux et pendant une seconde je me plonge dans mes pensées et repense à ma mère. Ce soir sera sans doute un de mes pires soir, si un jour je connais l’existence de ce gars, je lui ferais regretter son geste !
Je reprends du poil de la bête, ne voulant pas passer pour n’importe qui devant lui je le regarde alors en souriant comme une garce (oui je sais jouer ce rôle-là aussi) avant de lui dire : « Toi ! Qu’ai-je fais pour mériter ça vraiment ? Je m’attendais à tomber sur quelqu’un de gentil et SEDUISANT, mais voilà je tombe sur toi ! » Sur le coup, face à la déception précédente, je ne sue pas quoi dire, dure pour moi de sortir une phrase digne de mes mots habituelles. Cependant, je devais dire quelque chose, je ne pouvais pas faire demi-tour comme ça sans l’attaquer, ça ne me ressemble pas (oui j’attire les problèmes, on sait pourquoi maintenant) il se serait douter de quelque chose. Je suis pathétique comme fille, ma phrase l’était !

Vingt-deux heures trente. Le portable se met a vibrer, encore et encore, jusqu'a ce que son propriétaire se décide enfin a relever la tête de l'oreille, a appuyer sur le bouton et a porter l'appareil a son oreille. Il n'a même pas besoin de prononcer un mot que la personne a l'autre bout du fil se met déja a parler. Il s'agit de son demi-frère, qui semble légèrement en panique. Se redressant sur son lit, Yang passa une main sur ses yeux, essayant de se sortir de l'était de somnolence précoce dans lequel il se trouvait quelques instants plus tôt. ''Quoi ??'' se contenta-t-il de dire, incapable de comprendre ce que son frère tentait de lui dire, sa voix étant trop enterrée par des gens qui parlaient trop fort en arrière plan et le bruit des voitures. Apparemment, un gang non apparenté a l'école s'en prenait a ses partenaires, exigeant de voir leur leader. Soupirant, Kume se leva d'un bon, enfila des pantalons de sport, une camisole et une veste, et s'élança hors de sa chambre. Il se mit a courir, regardant sa montre. Ou étaient-ils, déja ? Dans le coin du konbini ? S'y rendre a pied allait prendre plusieurs minutes, peut-être quinze ou vingt tout au plus. Plus endurant que beaucoup d'autres, il put courir un bon moment avant d'être hors d'haleine. Reconnaissant le coin, il ralentit la cadence et reprit la route d'un pas rapide. Tournant un coin, il apperçut un groupe, dans l'ombre des bâtiments, et comprit tout de suite qu'il s'agissait de ceux qu'il cherchait - et qui, du fait même, le cherchaient aussi.

Il s'arrêta devant ses confrères, les bras croisés, sans dire un mot. Il se contentait de dévisager le groupe qui se trouvait devant lui. Ils étaient environ six, pas très costauds mais, après tout, le physique ne voulait rien dire, et il en était bien la preuve. Ils essayaient de se donner un genre et d'avoir l'air menaçant. Saitô ne put s'empêcher de faire apparaître un petit sourire au coin de ses lèvres. Ils avaient tout simplement l'air ridicule, si certains d'eux-même, sans savoir qu'ils allaient se faire botter le derrière dans cinq minutes a peine. Il était presque vingt-trois heures lorsque la confrontation débuta. Les deux teams étant complètes, ils pouvaient maintenant se sauter dessus allègrement. Celui qui semblait être leur leader se jeta alors sur Kume en criant, ce qui rappela a celui-ci la façon d'agir d'un ours, qui rugissait pour faire peur alors que lui-même était effrayé. Il n'eut aucune difficulté a parer son coup et prenait le combat plutôt a la légère lorsqu'un autre membre, qui n'avait pas d'adversaire vu leur nombre supérieur, se précipita au centre de la bataille et lui donna un coup de point dans l'estomac. Le souffle court, Yang recula de quelques pas. Il se releva quelques secondes plus tard, des flammes dans les yeux. Ce mec venait de le toucher et venait donc de lui donner une raison valable de lui casser la gueule.

Délaissant le leader, qui, de toute façon, semblait de force égale aux autres, il se tourna pour faire face au jeunot qui venait de le frapper. Il lui fit un grand sourire, alors que son regard devenait de plus en plus sombre. Il l'observa ainsi durant quelques secondes, qui parurent être des minutes, jusqu'a ce que son adversaire recule un peu, gêné par ce regard insistant. C'est alors que Kume plongea, l'empoigna fermement pour lui donner un coup de poing au visage, avant de tirer son bras vers l'arrière, qui produisit un son inquiétant. Boum, et un poignet de cassé, un ! La guerre de clan se termina bien vite, lorsque tous les participants de l'équipe adversaire furent étendus sur le sol. La Kinpatsu team pouvait avoir l'air innofensive, mais contre une équipe aussi peu ordonnée et nulle que celle-la, ils étaient destructeurs. Essuyant le coin de sa bouche, qui saignait légèrement, Kume fit un signe a ses amis, leur indiquant de repartir de leur côté. Lui ne voulait que retourner dans son lit, auquel il avait été arraché pour se joindre a cette bataille qui ne valait pas tellement la peine.

Vingt-trois heures dix. Avec un peu de chance, en premier un raccourcis derrière des bâtiments, il allait pouvoir être dans ses couvertures en moins de vingt minutes. Laissant ses amis, qui retournèrent a leur occupation de la soirée, il plongea les mains dans ses poches et se dirigea vers la partie la plus sombre du secteur, afin de couper a travers les bâtiments vers l'arrière. Il ne pouvait pas voir grand chose, dut au manque de lumière. Il marcha un peu a l'aveuglette durant environ cinq minutes, avant de distinguer, enfin, une légère source de luminosité éclaira enfin son horizon très limité. Il pouvait aussi voir une silhouette, mais pas son visage ni s'il s'agissait d'un homme ou d'une femme, a cause de l'épaisse couche de brume industrielle qui sortait des conduits des bâtiments. Il continua tout de même d'avancer, sans porter attention. Lorsque des cheveux longs se dessinèrent, il devina qu'il s'agissait d'une demoiselle. Que faisait-elle la, tout seule ? Il lui jeta un regard, haussant les sourcils mais rien de plus, lorsqu'il réalisa qu'elle-même scruptait son visage. Elle eut l'air de le reconnaître, mais elle ne lui disait franchement pas grand chose. Ou si, peut-être, il se souvenait l'avoir croisée quelques fois sur le campus. Il s'arrêta, avec l'intention de lui demander ce qu'elle faisait la, ou si elle avait un problème. Pas méchamment bien entendu. Après tout, même lui avait un bon fond ! Avant qu'il puisse ouvrir la bouche, elle le fit.

« Toi ! Qu’ai-je fais pour mériter ça vraiment ? Je m’attendais à tomber sur quelqu’un de gentil et SEDUISANT, mais voilà je tombe sur toi ! »

Il fronça les sourcils. Pour qui se prenait-elle, celle-la ? Et dire qu'il venait lui proposer son aide et se préoccuper de son état ! Durant quelques secondes, il l'observa de haut, baissant sur elle un regard un peu hautain. Elle commençait a l'énerver.

''- On se connait, peut-être ?'' Dit-il d'un ton désinvolte. Peut-être qu'ils se connaissaient effectivement, mais Kume n'avait jamais porté attention. '' Désolé de ne pas être a la hauteur de tes attentes, chère, mais de toute façon, je ne te trouve pas mieux. A voir la tête que tu as, ta mère devait être un vrai thon !''

En fait, il ne le pensait pas du tout. En la regardant de plus près, elle était même très jolie. Pas nécéssairement son genre, mais elle avait un je-ne-sais-quoi qui faisait en sorte qu'il se sentait obligé de la regarder. Réaction bien rare venant de sa part, d'ailleurs ! Yang n'était pas du genre a être méchant, mais lorsqu'on s'attaquait a lui de façon aussi gratuite, il ne pouvait s'empêcher de répondre avec la première réplique cinglante qui lui passait par la tête - qu'elle soit fausse ou véridique.

« On se connait, peut-être ? » Dit-il. Avais-je fait erreur sur la personne ? Pendant une minute je me posai la question. C’est vrai, il fait nuit et sombre en plus, la rue n’est pas si éclairé que ça, je me suis peut-être trompée de personne, en tout cas si c’est le cas : LA HONTE. Je regarde alors plus en profondeur essayant de me rappeler, mais il me fait vraiment penser à ce gars avec qui j’ai eu quelques altercations. Je n’oublie jamais un visage, si celui-ci met du temps à me revenir, peu importe il me revient toujours. Il rajoute ensuite, pour répondre à mon agression qui était loin d’être aimable : « Désolé de ne pas être à la hauteur de tes attentes, chère, mais de toute façon, je ne te trouve pas mieux. A voir la tête que tu as, ta mère devait être un vrai thon ! » Cela fut un vrai choc pour moi. Le mot « mère » m’a toujours fait réagir, lorsqu’on parle bien d’elle j’apprécie même si ça me touche, mais lorsque s’est en mal je ne sais même plus quoi dire ni quoi faire.

Ce garçon ne me connait pas, et il ose dire ce genre de chose. J’ai du mal encore à réaliser ce qu’il vient de dire … Peut importe qu’il me dise que je suis laide, même si ça pourrait me toucher, je suis focalisée sur la suite. Ma mère était une belle femme et en plus elle était très gentille, personne aurait voulu lui faire du mal et elle-même détestait en faire, je ne veux pas qu’on parle de ma mère comme si elle n’était qu’une simple merde.

Parfois je me dis pour une rassurer « un ange parmi les anges » cela est une jolie phrase et une jolie métaphore, je l’imagine souvent me regardant grandir, évoluer et devenir celle qui je suis aujourd’hui. Je la voie veiller sur moi, me protéger d’où elle est … Cela ne sont que des rêves, des pensées, mais je me doute bien que ce n’est pas vrai. Je n’ai pas l’esprit rationnel, je pourrais donc croire à ce genre de chose, mais voilà : y croire ne sert à rien, penser ça d’elle ne la fera pas revenir.

Ce n’est que quelques secondes après qu’il l’ait dit que je réagis vraiment. Oui il a bien insulté ma mère, je ne sais pas s’il le pense ou pas, mais je m’en moque éperdument. Pour le moment je suis choquée, et je commence à me remettre en colère. Il a choisi le mauvais moment, je n’étais pas bien, même si je ne l’ai pas montré, me cachant derrière mes mots et mes actions, le fait de ne pas avoir cette info que j’attendais depuis des mois m’a mise hors de moi. La pression commençait tout juste à retomber, mais j’étais encore prête à exploser à tout moment.


Aucun son, aucun mot n’arrive à sortir de ma bouche, je dévisage le garçon lui vouant à ce moment une haine monstrueuse. Il avait osé parler d’elle comme ça, je n’allais pas le laisser s’en tirer aussi facilement. S’est alors contre toute attente, je lui décroche une droite assez puissante, laissant évacuer tout mon stresse, ma colère et ma force. Ce garçon allait comprendre que je ne suis pas aussi faible que j’en ai l’air et que derrières les airs que je me donne je sais me défendre. Il ne connait surement pas les rumeurs, peu importe, lui au moins saura que je peux donner des coups et je m’en moque. C’est tout de même étrange de me voir réagir comme ça, je m’étais promis de ne plus cogner personne, mais là il y a un prétexte. Peu importe j’ai failli à ma promesse une nouvelle fois et je m’en veux. Ok j’ai exorcisé ma colère, mais voilà maintenant je regrette, je ne suis pas fière de mon geste.
Je ne vais pas m’excuser pour autant, ce garçon ne mérite pas que je sois gentil avec lui, après tout il a attaqué quelqu’un qui m’était cher.

Choquée. Elle était complètement ahurie par ce que Kume venait de lui lâcher. Il comprenait encore moins comment quelqu'un pouvait être aussi surpris alors qu'apparemment, il était évident que sa mère, il ne l'avait jamais vue. Il resta la, les mains bien enfoncées dans les poches de sa veste, attendant la suite. Oh, s'il s'était attendu a ça, il aurait mit ses poings devant lui ! Il ne s'était fait aucune idée sur cette fille, mis a part le fait qu'elle ne semblait pas avoir la langue dans sa poche et qu'elle se permettait de dire n'importe quoi sur n'importe qui qui crosait son chemin dans la rue. Après tout, il n'avait fait que lui rendre ses propos que d'autres auraient pu trouver blessants ! Il ne put pas prévoir ce qui allait se passer par la suite. La fille s'avança un peu vers lui, prit un élan, et lui estampa son poing sur la gueule. C'est qu'elle ne manquait pas de force, pour quelqu'un de sa taille ! Il recula d'un pas, passant la langue sur la blessure qui ne guérissait pas et qui se remettait plutôt a saigner.

La petite imbécile. Elle venait... que venait-elle de faire ? Osait-elle réellement s'attaquer a lui, qui arrivait a mettre au tapis des mecs beaucoup plus costauds que lui ? Il vit rouge durant un instant. Yang se mit a repenser a plusieurs trucs, comme son éternelle aversion a lever la main sur une femme. Les filles étaient plus faibles que les garçons, ce fait fut prouvé scientifiquement d'ailleurs. Elles étaient donc bien plus vulnérables contre les hommes. Se battre contre quelqu'un de plus faible le répugnait toujours, non seulement car il savait qu'il causerait des dommages, mais aussi parce que tout cela lui faisait perdre son temps. C'était bien l'une des rares fois qu'une femme osait lui mettre une main au visage. Comme cela n'arrivait pas souvent, Kume le prit comme une attaque personnelle ordinaire.

Sans vraiment le réaliser, lui, d'ordinaire maitre de la situation et du self-control, ne put s'empêcher de réagir un peu trop fortement. Lorsqu'on le frappait pour absolument aucune raison, il ne pouvait s'empêcher de refrapper, comme un dispositif qui s'enclenche au moindre mouvement brusque. Il eut tout de même la rapidité d'esprit de laisser sa main ouverte, car une paume blesse moins qu'un poing. Ramenant son bras vers l'arrière, ses doigts fendirent l'air pour atterir sur la joue (étonnement douce, ne put-il s'empêcher de remarquer) de cette petite insolente. Le bruit de claquement fut terrible, et la peau de la jeune femme aussi rouge qu'un homard sortant d'une marmitte d'eau bouillante. Même sa main se mit a picotter, comme si elle fut dévorée par une armée de fourmis enragées.

''- ...''

Il recula pour contempler le tableau. Oui, il venait de gifler, et pas juste un peu, une femme. Une jolie femme, en plus, après lui avoir dit qu'il la trouvait en fait laide. Il jeta un coup d'oeil a sa main, qui devenait lentement rosée, et serra le poings. Il venait de frapper une fille, lui ! Il se râcla la gorge, signe qu'il était un peu gêné par la situation, ce qui n'arrivait pratiquement jamais. Que devait-il dire, maintenant ? Ah, désolé de t'avoir frappée, c'est un réflexe ? Ou encore jouer les durs, et lui répondre quelque chose du genre, tu le méritais ? Dans les deux cas, cela ne lui ressemblait pas. Car même s'il était le leader d'un gang, il n'était pas du genre a se faire passer pour un macho, ou pour quelqu'un d'autre. Mais il ne s'excusait jamais, non plus, car ce n'était pas lui qui était dans le tort normalement, mais les autres. Cette fois pourtant, la situation allait trop loin. Il soupira longuement.

''- Ahem.'' Il se passa une main dans sa tignasse blonde. '' En fait, t'es okay. Je veux dire, t'es pas laide.'' Que dire ? Est-ce que ça comptait pour une excuse, ça ? ''Mais en tant que leader du Kinpatsu...'' Oui, il se devait de dire qui il était, au moins ! ''... je ne me laisse pas insulter gratuitement, comme tu viens de le faire. Je te rend la monnaie de ta pièce.'' Ça n'excusait tout de même pas sa bonne claque. ''Et pour ça...'' dit-il en pointant sa joue, ''c'est automatique. Gomen.''

Contre toute attente – jamais j’aurais cru m’attendre à ça – je vis la main de notre cher ami se lever pour se diriger contre mon visage. Je ne m’attendais pas à ça, ce n’est pas la première fois qu’un garçon lève la main sur moi, et ce n’est pas ça qui me choc car d’un côté nous sommes tous égo. Je ne sais même pas ce qui me choc, en tout cas il n’y a pas été de main morte et sa gifle me fait tomber par terre, je colle alors ma main contre ma joue encore sensible histoire de vraiment comprendre ce qui vient de se passer.

Dans mon passé, je me suis battue avec un tas d’homme. Des champions de boxe, des combattants de rue, j’ai pu voir différente technique et en subir plusieurs. Les hommes n’ont jamais pris de mesure car j’étais une fille, ils me considéraient comme un homme. Il faut dire que de l’argent était à la clé et un bon paquet, pour eux s’était le plus importe. Mais voilà à la fin du combat s’est moi qui gagnait, je gagnais toujours, rare sont les fois où j’ai perdu.


Pour en revenir au garçon je ne pu m’empêcher de le dévisager à nouveau, il a l’air plutôt gêné mal à l’aise, mais comme tous les mecs il joue les machos ne voulant pas perdre face à moi. Il venait quand même de frapper une fille et la seule chose que j’espérais à l’heure actuelle c’est qu’il le regrette et qu’il se rende compte de ce qu’il a fait. Ok je les frapper moi aussi, je n’ai pas d’excuse à ça … Et dire que je m’en voulais, que j’étais sur le point de m’excuser, mon bon cœur me perdra ?

Il a une drôle de façon de s’excuser, me dire que je suis okay, « pas laide » dans une autre situation j’aurais souris, je me serais pliée de rire, mais là j’ai plutôt envie de lui cracher au visage. Il se présente ensuite en me disant qu’il est le leader de « je ne sais pas trop quoi » je m’en fiche de son gang, je ne connais pas le nom de toutes ces bandes d’idiots prêt à se taper dessus, parfois même s’envoyer à l’hôpital pour le respect ou des territoires. Le respect ne se gagne pas toujours pas les poings. Montrant ensuite ma joue que je cache toujours, il me dit qu’il ne se laisse pas insulter gratuitement comme je l’ai fait … d’accord je n’ai pas été très gentille, mais voilà moi j’ai au moins le respect de rester un minimum gentille, je n’essaie pas de toucher les points faibles (sauf exception).

Je me relève alors, m’aidant de mes mains, repensant à sa gifle qui est presque une honte pour moi. Oui une gifle, j’ai l’impression d’être une pauvre fille sans défense se faisant cogner par son mari. Une gifle s’est tellement bidon, un poing aurait été plus masculin et là je n’aurais pas trouvé ça insignifiant. C’est peut-être étrange ma façon de raisonner mais là j’ai honte, je me sens encore plus faible que je veux le montrer. Tout sourire, colère, ou ce que vous voulez est partie, impossible de lire quoi que ce soit sur mon visage, je ne laisse passer aucune émotion. La colère que j’avais quelques secondes plus tôt à disparu et je devrais le remercier pour ça. Sa « super-gifle » a été comme un énorme seau d’eau qu’on m’aurait jeté dessus. « Garde tes excuses pour toi ! Le jour où tu reparles de ma mère je ferais beaucoup plus qu’un simple coup de poing ! »


Je ne perds pas face à lui et étrangement la vérité sors de ma bouche, sur ce coup, sur ces menaces, je suis sincère. Je l’interdis de reparler de ma mère. Je rajoute ensuite : « Je n’en ai rien à foutre que tu m’ai frappé, des coups j’en reçois tous les jours. En attendant jamais je ne regretterais mon geste et je continuerais à t’insulter gratuitement, il faudra t’y faire ! »Lançais-je. Ma voix est aussi expressive que mon visage. Froide, aucune montée en aigue ou descente en grave … Mais on peut laisser entendre que je suis sérieuse et que je n’ai pas peur de lui. Leader d’un gang ou non. J’ai bien fait partie d’un gang beaucoup plus grand que le siens et aussi plus connu. Un tatouage en est également la preuve sur mon poignet, que je tente de cacher avec des bracelets.

Assise sur le derrière, la fille est toujours par terre. Devrait-il lui tendre la main pour l'aider a se relever, ou quelque chose du genre ? Kume hésita un instant, puis se résigna. Elle aurait probablement refusé toute forme d'aide de sa part. Après tout, il venait de l'envoyer valser sur le plancher. Elle se remit donc elle-même sur pied pour lui refaire face. Son visage restait de marbre, tout comme celui de Yang, d'ailleurs. Ils se dévisagèrent quelques instants, et le leader ne put s'empêcher de se demander comment ils en étaient arrivés la. Tout ce qu'il prévoyait faire de sa soirée, au départ, était de s'envoyer un sac de chips devant un épisode trop avancé d'un drama auquel il n'aurait rien comprit pour ensuite aller se rouler dans ses couvertures et dormir jusqu'au lendemain matin. Et il avait fallut qu'on le dérange pour une connerie ! Les autres gars auraient pu s'en occuper, mais ils étaient si soudés qu'il ne pouvait les laisser prendre part a une bataille sans être lui-même présent.

Il avait mangé un coup de poing sur la gueule et était repartit, espérant pouvoir reprendre le fil de la soirée qu'il avait en tête depuis le début, mais s'était fait arrêter par cette fille qui le prenait probablement pour quelqu'un d'autre et qui s'amusait a l'insulter alors qu'elle ne le connaissait même pas. Et pouf, deuxième poing sur la gueule de la nuit ! Avec tout ça, il commençait a songer qu'effectivement, il ne devait non pas avoir l'air très séduisant, mais d'un vrai petit délinquant, ou pire : d'un punching bag ambulant. Il revint a lui lorsque sa pauvre victime ouvrit finalement la bouche pour dire quelque chose qui ne le surprit pas du tout. Il ne prit même pas la peine de répondre. Apparemment, sa mère était un sujet sensible. Était-il sensé savoir que cette fille, la, qui se tenait dans la fumée dégueulasse de bâtiments crasseux a presque minuit le soir, ne voulait pas que quelqu'un dise quoi que ce soit sur sa mère ? Il avait presque envie de rire. Pas d'elle, mais de la situation.

Il ne prononça toujours pas un mot, attendant de façon légèrement lasse que la demoiselle termine son appartée qui lui semblait interminable. Oui, il se sentait tout de même coupable de lui avoir tappé dessus et de l'avoir atteint dans ses propos, mais qu'est-ce qu'il voulait dormir ! Un petit verre de saké avant d'aller au lit l'assomerait probablement, malgré la brûlure occasionnelle que le contact de l'alcool avec sa lèvre endommagée causerait. Il restait impassible, comme a son habitude. La moindre des choses était de rester la a l'écouter, même s'il s'en fichait un peu. Il eut un petit sourire en coin en l'entendant dire qu'elle ne regrettait pas et qu'elle continuerait de l'insulter sans raison.

''- Fais ce que tu veux, '' dit-il simplement. ''Moi qui commençait a me dire que j'aurais pu t'offrir plus de sympathie...'' Il eu un rictus a peine perceptible, puis son sourire tomba pour faire place au regard noir et lourd qu'il conservait tout le temps. ''Des gens qui me détestent, il y en a partout. Tes petits commentaires ne changeront pas grand chose dans ma vie, je n'aurai donc pas besoin de m'y faire puisqu'ils paraîtront presqu'inexistants a mes oreilles.'' Il se mit a marcher dans la direction qu'il suivait quelques minutes plus tôt. ''Maintenant, si tu as terminé de sortir ton lot d'émotions, je vais repartir d'ou je viens. Tu ferais mieux de faire pareil, parce que je crois que le mec que tu attendais ne viendra pas !"

Il glissa son capuchon sur sa tête et s'éloigna tranquillement. Qu'elle soirée mouvementée, vraiment ! Il disparut peu a peu dans la brume, passant d'un corps a une ombre. Elle avait du culot, cette fille. Comme si c'était lui qui avait provoqué tout ça ! Si elle savait tenir sa langue, rien de tout cela ne se serait produit. Il lui aurait demandé si tout allait bien, elle lui aurait dit oui, et il serait repartit, point a la ligne. Même si elle l'agaçait fortement et qu'il ne l'appréciait pas, il ne pouvait s'empêcher de se poser une question : Qui était-elle ? Il saisit son téléphone portable et composa le numéro de son demi-frère, qui répondit presque aussitôt. Peu importe leurs occupations, jamais ils ne loupaient un appel de l'autre.

''- Ouais, tu ne connaitrais pas une fille par hasard...'' son frère l'interrompit, le faisant grogner. ''La ferme, je parle d'une fille en particulier ! ... Les cheveux bruns, longs... ah et puis laisse tomber, les nanas ici ont pratiquement toutes les cheveux bruns et longs, ça ne sert a rien. Quoi ? Non rien, pour rien, laisse !'' Il referma son téléphone, se demandant s'il allait la revoir sur le campus et enfin savoir son nom. Pas qu'elle l'intéressait, non, mais il est toujours bon de savoir le nom de ceux qui se proclament ennemis !