Il y a des scènes qui ne devraient pas avoir lieu. Il ya des actes qu’il ne faudrait pas commettre, encore moins quand on contrariait Li You en les faisant. Le contrarier, c’est courir un grand danger, un très grand. Peu s’en sortent indemnes, et ceux-là sont ses amis, amis auxquels il tient. Mais en dehors de ceux-ci, personne n’est à l’abri de la colère du jeune homme ; il était un peu un Zeus, incontrôlable et capricieux, qui n’hésite pas à se venger de tout celui ou celle qui oserait se moquer de lui. Une soirée tranquille, une soirée qu’il voyait comme presque parfaite, parce que la perfection dans les soirées avec la gente féminine il ne connaissait pas encore, finit en kidnapping, et règlement de comptes. Il aurait voulu que ça n’ait jamais eu lieu. Non pas que botter les fesses d’autrui le gêne, mais ôter la vie à quelqu’un, ne faisait pas partie de ces hobbies non plus.

Or là, on s’en prenait à ce qu’il avait de plus précieux à l’instant présent. On essayait de le blesser en blessant celle qui accaparait toute son attention depuis quelques temps. Alors non, il ne laisserait sûrement pas passer un tel acte. Ce n’était pas concevable. Deux à terre bien amochés, et le dernier, sans souffle. Il l’avait laissé sans souffle, sans battements au cœur. Mais il l’avait cherché, son patron l’avait cherché. On n’abuse de personne quand celui-ci travaille pour Li You, c’est une règle d’or qu’il fait respecter, par les bons ou mauvais moyens. Il avait cru que le type en question avait appris la leçon, mais apparemment non, et voilà le résultat : un homme de main en moins. Quel gâchis, mais bon, il était employé pour servir, il sera mort au combat. Li You n’avait pas grande conscience pour des gens comme ça, et c’est ce qui lui faisait dire qu’il était un monstre, mais là, son seul but était de revoir Evita dans ses bras, et surtout, saine et sauve. Les types mis à terre, il se précipita vers elle.

Il était tellement concentré sur le sang qui coulait, tachant la robe de sa dulcinée, qu’il ne fit pas attention à ses arrières. Imbécile ! Toujours surveiller ses arrières, ne t’a-t-on jamais appris cela ? Mademoiselle Song s’avérait posséder un joli coup droit. Pas mal. Il l’aida à se relever, quand il vit qu’elle appelait les secours. Merde ! Non, n’appelle pas Evita ! Réfléchis ! Si ils sont secourus, on leur demandera comment ils se sont fait cela… Hein ? elle appelait la police là, non ?
Li You, sans qu’elle ne le sache, tu te trouvais soudainement dans la merde la plus absolue. Certes tu n’as pas de casier judiciaire, mais ce n’était pas le moment d’en avoir un. Tu hésites à arracher le portable des mains d’Evita, mais tu ne peux pas faire ça, parce que ça t’obligerait à t’expliquer, et qu’elle découvre que tu n’es pas juste dealer ne te convient pas, pas ce soir. Un miracle s’il vous plait ? Oui. Au loin, cette voiture qui se devait d’attendre les ravisseurs, laissa échapper un quatrième homme, et c’est à ce moment qu’Evita décida de se mettre à courir. Merci. Si dieu existait, merci. Ce type nettoierait l’endroit, ce serait parfait.

Il courait à côté de son amie, la tenant par la taille. Elle jeta ses talons et se recoiffa, il prit le temps de respirer un peu. Ce n’était pas le moment de s’inquiéter pour Li You belle demoiselle ! Occupez-vous de votre cas voyons ! Wang se sentait nerveux. Il avait fait abstraction de ce qu’elle disait, ne fixant plus que cette robe qui se teignait de rouge. Ce banc, Li You vénérerait ce banc toute sa vie environ.

Il s’accroupit à son niveau. Il hésitait, il n’avait pas le droit de soulever sa robe, mais il se devait de voir la gravité de la situation. Il avait de grandes connaissances en médecine, car en avait entamé les études avant de changer de voie. La robe déchirée, voilà, il regarda par les trous. Elle ne cessait de saigner, et si ça continuait à ce rythme elle risquait de s’évanouir. Elle ne sentait pas la douleur, à cause de l’adrénaline, mais son corps lui sentirait les pertes. Et puis elle s’était fait ça avec des clous en fer non ? Elle avait bien pu attraper une merde… Il tapota ses poches, et lâcha un râle, frustré. Sa veste était désormais dans sa voiture, ainsi que son portable ou tout simplement son mouchoir en tissu avec lequel il aurait pu essuyer les plaies.

La question tomba comme un cheveu dans la soupe. Que devait-il répondre, la vérité ? Il voulait, mais… Elle serait furieuse contre lui non ? Et puis ce n’était que de la légitime défense… Si il niait, il se sentirait coupable de lui mentir. Alors, il s’accroupit, face à elle, le regard encore très inquiet, prenant ses mains dans les siennes, parlant lentement pour éviter que sa voix ne tremble à cause de la rage qui le prenait.

- Tu l’as vu de tes yeux… C’était de la légitime défense Evita…

Il ne lui laissa pas le temps de dire quoi que ce soit, qu’il déposa un baiser sur son front, puis repris sa place.

- Tu peux m’en vouloir et même me haïr, je comprendrais parfaitement. Mais sache, qu’au moment où j’ai commis cet acte, j’avais juste peur que ce soit toi qui finisses inerte au sol.

Et là, pour la première fois de sa vie, des larmes vinrent se caler au coin de ses yeux bridés. Il ne lâchait pas les mains de la jeune, il ne lâchait pas ses yeux du regard non plus.

- Je n’aurais pas supporté qu’ils te fassent plus de mal que ce qu’ils t’ont fait Evita… Je sais de quoi ils sont capables, je sais ce qu’ils auraient pu te faire, et je pense que cet homme mérite cette fin…

Ses larmes prirent le chemin de ses joues, venant rencontrer ses lèvres et se perdant enfin dans le vide. Il ne pleurait jamais, il n’en avait jamais eu de raison. Mais il avait eu peur, tout simplement.

- Je ne voulais pas te perdre, tu comprends ça ? Alors maintenant, on rentre, on va où tu veux, chez moi même, mais je dois te soigner. Laisse-moi au moins te soigner avant que tu décides de m’oublier à cause de ce qui vient de se passer…

Il lâcha sa main droite, pour essuyer son visage avec sa manche. Li You, tu l’as compris toi aussi n’est-ce pas ? Qu’Evita n’est plus une simple amie…