« Oi, Imaike, où tu vas comme ça avec tes bouquins ? » Miu n'écoute pas. Elle se lève de sa place dans la salle de la classe 1-A, prend ses livres de classe et son sac, et se dirige dans la direction opposée de ses camarades, qui eux, en profitent pour sortir de l'école. « Imaike, arrête de snober et viens au karaoke, bordel »
Miu lève le nez vers le garçon qui vient de proposer. Tiens, dans cette école de yankii, c'est encore rare d'avoir des proposition aussi polies et décentes. Cependant, Miu secoue la tête en guise de refus, s'incline poliment et se retourne sans demander son reste. « Je suis sûr qu'elle va suivre cette conne de Nobeyama quelque part. » Un des garçons rigole, Miu peut encore entendre ce qu'ils disent, même s'ils partent dans l'autre sens dans le couloir. « Imaike va bientôt apprendre à aboyer sur la demande de Nobeyama-sama ! »
Miu ne dit rien et s'en va de son côté. Elle se fout ce que qu'ils disent, de toutes façons. Personne ne prête vraiment attention à elle si ce n'est pour la prendre à parti ou pour essayer de s'en prendre à elle, paraissant plus faible et peu apte à se défendre. D'ailleurs, elle sort un mouchoir pour tousser, prise d'une quinte comme elle en a le secret, s'arrêtant dans le couloir. La chaleur la rendait légèrement asthmatique.

Elle se dirigea alors vers la salle de sciences naturelles. C'était un laboratoire laissé à l'abandon, mais le carrelage et les paillasses aux éviers en panne et les volets fermés faisaient de cette pièce l'une des plus fraîches de l'école, même en plein été.
Miu ouvrit la porte et la referma derrière elle, pour se laisser tomber le long d'un mur, avec son sac. Au calme, au frais. Enfin !
Elle sortit son livre d'histoire pour continuer sa lecture sans distraction. Prise d'une nouvelle quinte de toux, elle dût toutefois s'interrompre pour s'étouffer dans son mouchoir, alors qu'un bruit attira son attention ; un bruit métallique, d'un objet tombé sur le carrelage, à l'autre bout de la pièce. « Qui est là ? » fit Miu de sa petite voix légèrement cassée.

[HS: Ah désolé! J'ai pourtant essayé de faire court ! èoé]

Des braillements, des braillements... toujours des braillements. C'était devenu un peu comme un bruit qui faisait partie du quotidien, un peu comme quelque chose dont vous ne vous passeriez plus. A ce niveau là, le plus étrange ici serait que ces bruits cessent. Et s'il lui arriver d'avoir de telles pensées Rina savait parfaitement que ça n'arriverait jamais. Pour la simple et bonne raison quela délinquance avait toujours existé et qu'aussi longtemps qu'il y aurait des élèves dans ce lycée, ces bruits ne s'arrêteront jamais. Pour dire franchement les choses, la lycéenne s'en moquait éperdument, elle se battait quand les circonstances l’exigeaient, à savoir assez égulièrement mais contrairement à celles qui ne réfléchissaient qu'avec eur point, Rina savait faire la part des choses. Son rêve étant d'être rapidement graduée pour commencer à étudier en milieu médical. Mais actuellement, aucune chance d'y parvenir au milieu de ce boucan infernal. Ou alors, peut-être était-ce tout simplement car ce jour là Rina était de particulièrement mauvaise humeur. Ca expliquerait pas mal de choses. Irrité, elle avait quitté la salle de classe avant d'être bloquée par Miyazaki, une de ses camarade de classe et accessoirement une victime il y a quelques semaines. Cette dernière ne s'était visiblement toujours pas remise de sa défaite et semblait à tout pris vouloir sa revanche. Elle avait alors empêché sa progression a retenant par une épaule. L'amie de cette dernière s'était rapprochée et s'était placée devant, comme pour l'empêcher d'avancer davantage. « Okamoto, on n'en a pas fini toutes les deux. Faisons le maintenant. » Était-ce nécessaire de dire que si on ne connaissait pas le contexte, sa phrase aurait parue plus que douteuse? Rina dévia juste le regard pour le poser sur Miyazaki qui semblait bien ne pas vouloir lâcher l'affaire.

« Toute les deux? Alors que tes sous fifres nous encerclent? Laisse moi rire. Enfin qu'importe tout compte fait. Que tu sois seule ou 20 s'ils ont tous ton niveau... » Les amies concernées manifestèrent leur mécontentement à coup d'insultes en tout genre, insultes auxquelles Rina indifférente. Cette fois ci, elle se retourna complètement pour faire face à celle qui la défiait, s’avançant lentement vers elle et avec un sourire qui s'élargissait au fur et à mesure de sa progression. « Mais c'est toi qui voit. Si tu souhaite le faire maintenant, je suis ta femme... Ne Miyazaki, tu sais qu'elle est la couleur qui te vas le mieux? » Rina s'était littéralement rapprochée de la dénommée Miyazaki qui ne semblait avoir perdu son répondant ainsi que l'envie de se battre. Rina quand à elle s'en amusait. La voilà qui caressait la joue de cette dernière tendrement s'imaginant parfaitement la voir... colorée. La couleur à laquelle cette dernière était en train de penser? Celle du sang tout simplement. Et son adversaire l'avait immédiatement compris. « Je rêve, tu trembles Miyazaki? E tu oses te faire passer pour une Yankee? Désolé, mais une personne qui fuit face à l'adversité ne peut pas être considérée comme telle. Déjà que l'autre jour tu ne m'as pas offert grande résistance alors dans cet état là j'imagine même pas. Ne te surestime pas. Progresse encore et encore. Et peut-être qu'alors j'accepterais de m'amuser avec toi. » Et sur ces bonnes paroles, la demoiselle fit volte face et quitta la pièce tout en la lachant quelques petits éclats de rire... à faire froid dans le dos.

Il fallait l'avouer, se sentir puissante de temps à autre était plus que jouissif. Pas que Rina soit incroyablement forte non. Il est vrai qu'elle se débrouillait bien mais dans ce cas là, c'était juste que Miyazaki et des amies étaient simplement des faiblardes. Et le plaisir de se battre n'avait pas été partagé à ce moment là donc aucun intérêt pour Rina. Car oui chez elle gagner ou perdre elle s'en fichait pas mal du moment ou elle s'amusait.. pour reprendre ses mots. Voir le sang couler était vraiment incomparable pour elle. Sans doutes les meilleurs moment d'un combat. Pour en revenir au sujet, la lycéenne avait pris refuge dans la salle qu'elle 'était approprié. Disons que le laboratoire en question n'avait jamais été un lieu très fréquenté alors la demoiselle en avait profité pour en faire son refuge. Et elle prenait soin de déloger chaque personne qui venait à pénétrer à l'intérieur. En plus d'être un endroit familier c'était bien là la pièce la plus agréable de cet établissement. Rina s'était donc nichée dans son coin favori, tout au fond de la salle. Seule et avec ses livres désormais, c'était l'occasion parfaite pour étudier un peu ou plutôt à ce moment précis, contempler les images d'un manuel, partie dissections. La silence ne dura pas puisque quelques minutes plus tard par des bruits parasites. Un bruit de porte, de toux... Aucun doute possible, une fille venait d'interrompre son moment tranquille et elle allait vite dégager. Comme pour signaler sa présence et faire comprendre qu'elle dérangeait, Rina laissa tomber une petite pièce au sol sans pour autant se montrer. La pièce parcouru son chemin au sol pendant quelques secondes dans un bruit sourd puis, lorsqu'elle tomba définitivement, Rina se leva, se dévoilant enfin. Lorsqu'elle vit une petite silhouette se dessiner au sol plus loin, un nouveau sourire apparu sur ses lèvres tandis qu'elle se rapprochait lentement, circulant entre les tables. « Tiens donc, on dirait que j'ai de la visite aujourd'hui.. »

La nouvelle arrivante semblait d'apparence fragile et assez faible... tout comme elle semblait innocente. Une petite fille modèle en résumé. La première pensée de Rina fut de se demander ce qu'une gentille petite fille faisait dans un établissement pareil car à première vue elle semblait irréprochable. Rina parcouru son petit chemin pour finalement s'arrêter à quelques centimètres de son interlocutrice et s'accroupir devant elle. « Désolé, ici c'est complet. Deux personnes c'est déjà trop. Si encore t'étais silencieuse je ne dirais rien mais visiblement c'est mal barré. Tu sais ce qu'il te reste à faire. » Le tout avait été dis sur un ton très neutre. Ce qui avait justifié son choix? Le livre qu'avait la jeune fille avec elle. Ce n'était pas une bande dessinée et par conséquent c'était tout à son honneur. Les filles non complètement stupides étaient une espèce en voie de disparition par ici, alors autant les conserver le plus possible. « Va souffrir ailleurs, tu comprends? »Après... chacun avait sa méthode de conservation! Et celle de Rina n'était pas forcément la meilleure. Pourtant veuillez le croire, rien n'avait été dis en mal. Elle voulait juste... sa tranquillité. Mais vu comment elle lui avait présenté la choses, il était fort possible que l'autre fille n'accepte pas.... A se demander comment Rina voulait percer en médecine plus tard avec une mentalité pareille. Disons que pour le moment elle avait encore deux ans à passer au lycée alors elle avait tout le temps de voir en fonction des résultats. Et puis pour avouer franchement les choses, la seule chose qui l'intéressait en médecine, s'était de pouvoir s'exercer sur des corps humains...

Miu se retrouva alors nez à nez avec une fille de deuxième année dont elle connaissait le visage - Hôgô était plutôt célèbre à l'école pour ses frasques dignes de films d'horreurs. Pas mal de gens avaient peur d'elle, d'autres trouvaient ça "kiffant". En tous cas, c'était la première fois que Miu faisait face à Hôgô de près ; elle était grande, mince et plutôt jolie, sans compter les plaies cicatrisant un peu partout dans son cou, sur ses bras et la cicatrice au-dessus d'un de des yeux.
Hôgô ne semblait d'ailleurs pas trop de bonne humeur - à moins que ce ne soit son humeur de tous les jours, et dans ce cas là, personne n'aimerait la croiser dans ses mauvaises périodes. Son regard avait quelque chose d'inquiétant, cependant. Comme le regard de quelqu'un qui n'aurait plus vraiment toute sa conscience. Miu avait entendu parler de ce culte qu'elle vouait au sanglant et son ambition de devenir chirurgien - pas mal en rigolaient en disant que c'était impossible pour une nana pareille.
De toutes façons, quand on étudie à Arienai...

Miu ne broncha pas quand Hôgô s'approcha d'elle d'un pas lent avec un regard un peu étrange. Cette dernière s'accroupit face à Miu qui elle était assise en tailleur adossée au mur de la salle, la fixant d'un air à la fois calme et effrayant. Hôgô lui souffla alors l'ordre de décamper de la salle, Miu perturbant apparemment sa tranquillité en venant tousser de l'autre côté de la pièce. Cette dernière ne répondit rien, se contentant de poursuivre sa lecture. L'intimidation, elle n'y était pas vraiment sensible - sauf peut-être avec Nobeyama qui s'avérait être une coriace à ce niveau-là.
Souffrir ailleurs ? Quelle belle idée. Miu aurait pu partir si ça avait été de son plein gré ou pour des raisons valables, mais son esprit rebelle n'était pas complètement enfoui sous ses bonnes résolutions et elle avait encore un tantinet d'orgueil. Elle se contenta de ne pas lever les yeux de son livre pour répondre ; « Hôgô-san, ne parle pas si près, je vais te donner mes microbes. » fit-elle, le plus calmement possible, de sa voix cassée.
A vrai dire, elle n'avait pas la moindre idée du nom complet de cette fille, les gens l'appelant par son surnom de yankii. Miu n'en n'avait pas, alors elle était juste Imaike. « Hôgô-san, tu ne devrais pas laisser ces cicatrices sans pansement, tu devrais le savoir, ça risque de s'infecter. » ajouta Miu en regardant enfin Hôgô dans les yeux, un léger sourire calme sur le visage.
Evidemment, à la réputation de son interlocutrice, Miu savait qu'elle n'aurait pas dû répondre pour son propre bien. Mais là, elle n'avait pas pu se retenir. Advienne que pourra !